Saturday, May 01, 2004



Une petite histoire de compréhension

J’ai grandi dans une école où des filles embrassaient des filles. Si ce n’était pas permis, c’était certainement commun. On ne parlait pas d’anomalie. On ne parlait pas de perversité. On l’appelait l’amitié ou une attraction inexplicable, quelque fois l’amour. Il n’était jamais l’homosexualité. Dans notre petit monde, le mot n’existait pas. C’était une idée abstraite, loin de notre conscience, loin de nous, loin de moi. J’étais jeune et je ne comprenais pas.

Le Noël avec ma famille. Pourquoi chuchotent-ils ? Ah. C’est Charlotte. Elle a amené sa petite amie. Des bouches couvertes et Des visages écœurés se cachaient prudemment. J’avais honte pour ma cousine, mais je ne savais pas pourquoi. J’étais jeune et je ne comprenais pas.

À partir de ce jour-là j’ai observé et j’ai appris. J’ai commencé à voir les petits gestes comme tabou. A l’école. Pourquoi elle m’a regarde comme ça ? Pourquoi veut-elle se lier d’amitié avec moi ? Mes méfiances, ma peur, mon incompréhension.
Ces images jouent dans mon esprit. Des petites vignettes, des petites histoires. Des petits événements qui ont petit à petit formé mes pensées au sujet d’homosexualité. C’est vrai. On est socialisé et instruit d’avoir peur des choses qui sont différentes, qui ne sont pas compréhensibles. Le préjugé, la crainte et l’intolérance sont crées et propagés par la société. Ce que je vois, c’est qu’on s’enchaÎne. Nous faisons notre prison où nous mettons nos idées en cage. Est-ce que c’est l’esprit humain ?

L’homosexualité est un choix. C’est une décision qui est faite par une personne sensée. On doit respecter ces choix. Ce n’est pas la possession par les mauvais démons et ce n’est pas une maladie. C’est une question de préférence sexuelle. La liberté de choisir, c’est ce qui nous sépare des bêtes.

Mais mes petites réflexions sont loin de l’actualité. Aujourd’hui, le monde choisit de fermer ses oreilles au fait indéniable : on aime avec l’esprit et l’esprit ne choisit pas toujours le corps « correct». Quand va-t-on se rendre compte que c’est inutile de résister le changement? C’est notre nature de nous libérer. Des chaînes, de l’emprisonnement que nos avons façonné nous-mêmes. Je suis jeune et maintenant, je comprends.

Ma cousine, Charlotte, est mariée. Avec un homme. Elle a deux fils mignons, ils s’appellent Jay et Brian. Elle habite dans une maison blanche avec une palissade blanche. La vie parfaite ? Elle a enterré sa petite amie. Dans l’oubli. Je pense qu’elle s’appelle Joey ou un nom mignon comme ça. Je ne me rappelle pas. Je me demande si ma cousine se souvient d’elle. Je me demande si elle se rappelle beaucoup de choses et si elle les regrette. Mais quand je la vois, elle a toujours un sourire. Mais le contentement ne semble pas toucher ses yeux.

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